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Economie circulaire et bâtiment ? Un modèle pour construire autrement

Réemploi des matériaux, optimisation de l’utilisation des ressources naturelles, réduction des gaz à effet de serre… l’économie circulaire est une solution essentielle pour répondre aux défis du développement durable. Pourquoi le secteur du bâtiment est-il en première ligne ? Comment l’économie circulaire s’insère-t-elle dans la conception de projets urbains ? Nos réponses.

Assumer notre empreinte dans la ville et dans le temps est un des points centraux de notre engagement pour construire des villes plus durables.

Changement de paradigme, l’économie circulaire implique de repenser toute la chaîne de valeur en identifiant des boucles vertueuses : déconstruction, réemploi, valorisation, les solutions ne manquent pas pour diminuer l’empreinte carbone des projets immobiliers sur tout leur cycle de vie. 

Définition : économie circulaire vs. économie linéaire

Source : Ministère de la Transition écologique
 

L’économie linéaire est un modèle qui consiste à “extraire, fabriquer, consommer, jeter” et ne prend pas en compte les enjeux du développement durable et les limites planétaires. Les ressources ne sont pas infinies et nous devons les préserver. 

L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. En résumé, il s’agit de passer d’une société du tout jetable à un modèle économique qui préserve les matières premières, l’énergie, l’eau tout en limitant la production de déchets et le gaspillage par le réemploi, la valorisation et le recyclage.

L’économie circulaire repose sur 3 grands axes : 

  • Mieux produire avec moins de ressources
  • Consommer de manière plus responsable
  • Recycler efficacement pour pouvoir réutiliser les ressources dans la construction des projets

Pourquoi le secteur du bâtiment est-il concerné par l’économie circulaire ?

Notre secteur doit être en première ligne de l’économie circulaire !

Et pour cause : il a un impact important sur l’environnement, que ce soit sur sa consommation de ressources, les émissions de gaz à effet de serre lors de la construction ou de l’utilisation des bâtiments, mais aussi en termes de production des déchets : 50 millions de tonnes de déchets par an selon le ministère de l’environnement ; 65% proviennent de la démolition, 28% de la réhabilitation et 7% de la construction neuve (source).

Pour cette raison, le secteur du bâtiment, et en particulier du logement, a un rôle essentiel à jouer, en optimisant sa consommation de matières premières et d’énergie, en réemployant les matériaux, en valorisant les déchets – et surtout en éco-concevant tous ses projets. Une mutation essentielle face à l’urgence écologique : à l’échelle de la France comme de l’Europe, le secteur du bâtiment est un secteur clé pour atteindre les objectifs de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) et de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).

Source : Institut de l’Économie Circulaire

Un point sur la loi en matière d’économie circulaire

En août 2015, le concept d’économie circulaire entrait dans la législation avec la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Celle-ci sera ensuite complétée avec la feuille de route Économie circulaire 2019 puis par la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC), promulguée le 10 février 2020, et qui vise à accélérer le changement de modèle de production, et se décline sur 5 grands axes : 

  • la disparition des objets en plastique jetables ;
  • l’information des consommateurs ;
  • la lutte contre le gaspillage et l’encouragement du réemploi solidaire ;
  • la lutte contre l’obsolescence programmée ;
  • une production plus respectueuse de l’environnement.

Depuis le 1er janvier 2022, la nouvelle réglementation environnementale RE2020 est entrée en vigueur. Elle a pour but de poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et du confort des constructions, tout en diminuant leur impact carbone, ce qui passe d’abord par l’analyse de l’empreinte des projets. 

Dans ce contexte, la loi encourage le recours à l’économie circulaire : Nous sommes portés aujourd’hui par la réglementation environnementale : l’impact carbone des matériaux de réemploi est comptabilisé à zéro dans une analyse du cycle de vie du projet dans la nouvelle réglementation environnementale RE2020”, explique Claire Chabrol, chargée de projet Booster du réemploi.

Les 7 piliers de l’économie circulaire appliqués au bâtiment

De l’approvisionnement des matières à la fin de vie des produits, l’économie circulaire touche à toutes les étapes de la chaîne de production des bâtiments et de leur utilisation. Nouveau paradigme, nouveau modèle économique, penser circulaire, c’est ouvrir de nombreuses pistes pour construire autrement, et pour cause : c’est une nouvelle manière de voir les choses !

Pour le comprendre, il est utile de repartir des 7 piliers de l’économie circulaire définis par l’ADEME :

  • Approvisionnement durable (achats responsables)

L’approvisionnement durable concerne le mode d’exploitation et d’extraction des ressources. En se posant des questions comme : “Comment avoir un bois qui provient d’une forêt gérée durablement ? Comment emploie-t-on des matériaux biosourcés ou géosourcés plutôt qu’un matériau plus polluant ? selon Claire Chabrol. Il s’agit donc d’assurer les conditions d’un approvisionnement durable, dans le cadre d’une politique d’achats responsables notamment auprès de tous les fournisseurs.

Chez OGIC, nous avons poussé cette logique jusqu’à travailler un matériau biosourcé, réutilisable et trouvé localement : notre projet l’Orangerie (Ydéal Confluence, Lyon) est conçu en terre crue. En effet, le secteur de la construction génère une immense quantité de terre crue issue de chantiers. En l’exploitant pour le bâtiment, pure et sans aucun adjuvant, avec une résistance acquise par simple compactage, nous pouvons ainsi créer de véritables boucles d’économie circulaire rare dans le milieu de la construction, d’autant plus qu’à défaut d’être renouvelable, la terre crue est un matériau réutilisable à l’infini et qui contribue à déminéraliser le paysage urbain.

  • Écoconception

Comment concevoir un bâtiment en optimisant son empreinte carbone tout au long de son cycle de vie ? À l’échelle du bâtiment, il s’agit d’identifier des solutions pour réduire toujours davantage les impacts négatifs d’un projet sur l’environnement – par la sobriété architecturale, la préfabrication, de hautes performances énergétiques, l’optimisation de la gestion de la production de déchets ou la réutilisation de l’eau.

C’est la logique à l’œuvre dans nos projets, et notamment sur le projet Naturia, à Carrières-sous-Poissy, un projet résidentiel au coeur d’un écoquartier, qui vise une démarche environnementale ambitieuse en s’appuyant sur des labels et certifications garantissant une réalisation économe en énergie, préservant la biodiversité locale et réduisant l’empreinte carbone. 

  • Ecologie industrielle et territoriale

Les déchets des uns deviennent la ressource des autres ! A l’échelle du territoire, les boucles d’économie circulaire permettent une meilleure gestion de la ressource : Sur un même territoire, il faut gérer l’offre et la demande de ressources, avancer vers une mutualisation des services, des équipements, de l’énergie, pour faire en sorte de consommer le moins possible – et qu’on réemploie au maximum !”. 

C’est tout le principe du Booster du réemploi, qu’OGIC a rejoint en 2021 et qui a pour vocation de mieux connecter l’offre et la demande de matériaux de réemploi, notamment à travers le développement de  Looping, une plateforme digitale qui permet de faire la synthèse des demandes de matériaux de réemploi. L’objectif est de pouvoir appeler simplement les matériaux disponibles et de fluidifier la mise en relation des offreurs et des demandeurs. Une manière efficace de massifier la demande et d’atteindre un effet de seuil pour lever certains freins au réemploi.

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Le réemploi est aussi possible à l’échelle d’un même projet, par exemple en construisant un projet neuf en réutilisant des matériaux des anciens bâtiments. C’est ce que nous visons à Pantin sur le projet Green Sheds, où des briques rouges caractéristiques de ces anciens ateliers de filatures seront réemployées sur le projet – ou sur notre projet de réhabilitation de bureaux avenue George V où nous visons l’utilisation de matériaux à 100% issus du réemploi tels que les revêtements de sol pour les locaux vélos, certains sanitaires,, ainsi que l’intégration de luminaires pour des locaux techniques

  • Économie de la fonctionnalité 

Photo : projet Allure
L’économie collaborative privilégie l’usage à la propriété et tend à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes. Et ça marche aussi pour les bâtiments !

L’idée est donc d’optimiser l’usage d’un bâtiment, que ce soit par des espaces partagés comme sur notre projet Allure (chambre d’hôte à louer, buanderie collective, etc) ou en repensant l’usage d’un espace en fonction du temps : “L’intérêt, c’est d’augmenter la mixité urbaine, en jouant sur la polyvalence et la rotation des espaces – et sortir de ce que j’appelle, les espaces monochroniques, à usage unique et donc juste pour un temps. explique Luc Gwiazdzinski, géographe et urbaniste.

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  • Consommation responsable 

Comment prendre en compte l’ensemble des impacts des choix de consommation des usagers sur le cycle de vie d’un projet ? Par exemple, pour un bâtiment ou pour un quartier, comment consommer moins d’énergie, moins d’eau, produire moins de déchets ? Comment favoriser les circuits courts ? 

Penser un projet urbain, c’est aussi l’optimiser pour qu’il soit le plus vertueux possible à l’usage, car l’exploitation d’un bâtiment représente encore 40% de ses émissions de carbone. Notre réponse, c’est de permettre à nos habitants de devenir acteurs d’une ville durable. Sur des projets comme New G, nous encourageons des comportements plus responsables grâce à des nudges, ces coups de pouce dans la bonne direction, dont voici quelques exemples dans l’immobilier.. 

  • Allongement de la durée d’usage

Pour diminuer la production de déchets de construction, le mieux est encore d’éviter la destruction des bâtiments – et donc d’en allonger le cycle de vie. Mais comment faire pour qu’un bâtiment continue de répondre aux attentes à travers le temps ? L’économie collaborative privilégie l’usage à la possession et nous encourage à faire évoluer l’usage des bâtiments en fonction des besoins : l’architecture évolutive est une solution d’avenir pour une construction plus durable et plus pérenne. Qu’il s’agisse de logements ou de bureaux, la flexibilité architecturale permet de répondre plus rapidement aux transformations de l’usage d’un bâtiment.

Arabesk, un bâtiment entièrement pensé en architecture évolutive au sein de notre projet Ydéal Confluence
 

Chez OGIC, nous travaillons à rendre nos réalisations plus résilientes, en favorisant des modes de constructions évolutifs et réversibles comme sur notre projet Ydéal Confluence. Au fil des besoins, les bâtiments pourront se réinventer et s’adapter aux besoins.

  • Recyclage

Lorsqu’il n’est pas possible de réemployer, les déchets de construction peuvent être recyclés et transformés en ressources : “Comment recycler du verre, des isolants, des granulats, etc pour faire en sorte d’avoir un nouvel usage de ces produits qui auraient pu finir à l’enfouissement ?” interroge Claire Chabrol. Là aussi, la mise en mouvement de tout l’écosystème et la mise en commun de l’offre et de la demande est un puissant accélérateur pour améliorer l’utilisation de la ressource. 

Faire mieux avec moins, certes, mais ensemble !