OGIC #

Pierre Joutard : « La Confluence et la ville de demain »

C’est en plein cœur du quartier historique de Lyon Confluence qu’OGIC a réalisé un projet ambitieux : construire le cadre d’une vie idéale, dans un environnement en pleine réécriture urbaine, en phase avec les nouvelles attentes des citadins.

Ydéal Confluence est une opération multifonctionnelle, mêlant logements, bureaux et commerces. Une résidence étudiante, un immeuble de logement social et un en accession libre à la propriété viennent répondre à l’exigence de mixité sociale poussée par la SPL Confluence, un immeuble est réservé à l’implantation de bureaux, quant au cinquième, il est entièrement réversible.

Précisions avec Pierre Joutard, directeur général de la SPL Confluence, l’aménageur de ce quartier en reconstruction à Lyon.

Quelle est la genèse de ce projet ?

Pierre Joutard. Le quartier de Lyon Confluence est un fait géographique et historique très rare : imaginez une collectivité qui retrouve 150 hectares de terrain dans son centre-ville, c’est-à-dire l’équivalent de deux fois l’île de la Cité ! Ce territoire s’étend depuis la gare de Perrache au nord jusqu’au musée des Confluences au sud, encadré par la Saône à l’ouest et le Rhône à l’est.

Historiquement, c’était un quartier industriel et populaire, où aucune entreprise ne souhaitait s’implanter et où personne ne voulait habiter… C’est pourquoi les attentes étaient très fortes, notamment de la part des deux maires qui ont suivi cette opération, Raymond Barre et Gérard Collomb, qui nous ont demandé de mener des projets les plus ambitieux possibles en matière d’urbanisme, de paysagisme et d’architecture à Lyon.

Ce projet de réhabilitation a été initialement lancé en 1999, et la Convention publique d’aménagement (CPA) a été signée en 2003. Deux Zones d’aménagement concerté (ZAC) ont été créées, l’une en 2003, côté Saône, l’autre en 2012, côté Rhône. Avec une feuille de route ambitieuse : 34% de logements sociaux à terme sur l’ensemble des îlots, et 54% du territoire dédié au tertiaire sur la deuxième ZAC.

Aujourd’hui, Lyon Confluence est le seul quartier de la ville à avoir des cibles de logement aussi diversifiées : il y a 25% de logements sociaux dans chaque îlot, des logements étudiants, de l’accession à la propriété… Notre volonté est d’instaurer une mixité partout, jusque dans le très haut de gamme. Enfin, tous nos bâtiments sont HQE, et alimentés à 80% par des énergies renouvelables : nous sommes le premier quartier en France labellisé WWF pour la protection environnementale.

Que représente ce quartier pour la ville de Lyon ?

Pierre Joutard. L’idée, c’est que ce quartier serve de modèle à d’autres villes de France ou du monde, que les collectivités se disent que cette initiative peut être facilement réplicable chez eux. Nous n’avons pas l’intention que ce soit un one shot ! Ce projet, nous l’avons conçu comme un mètre étalon de ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière d’éco-quartier.

Nous avons une exigence très forte à la base, nous poussons énormément la qualité environnementale, architecturale et le côté ville intelligente : nous allons d’ailleurs mettre en connexion différents îlots en autoconsommation grâce à des smart grids, afin de créer des banques d’énergies d’îlot à îlot. Ce n’est pas du high tech pour faire du high tech, c’est de l’innovation au service du mieux-vivre et des économies d’énergie.

En retour, nous avons de très belles signatures en matière de programmation, notamment OGIC, qui construit son projet Ydéal Confluence sur 12 000 mètres carrés, sur l’esplanade François Mitterrand, un des plus beaux lots de Confluence en bordure de Rhône. Ce n’est pas une énorme opération pour OGIC, mais c’est une opération emblématique, publiée régulièrement dans la presse professionnelle et avec de très bons scores de commercialisation. C’est l’esprit de ce projet, nous voulons qu’il soit donnant-donnant.

« L’idée, c’est que ce quartier serve de modèle à d’autres villes de France ou du monde, que les collectivités se disent que cette initiative peut être facilement réplicable chez eux. »

Pierre Joutard, directeur de la SPL Confluence

À quel moment OGIC est-il arrivé dans ce projet Lyon Confuence ?

Pierre Joutard. La SPL Lyon Confluence a lancé la compétition sur cet îlot B2 en 2015 par le biais d’un appel à candidatures, et avons sélectionné avec l’appui de la métropole quatre à six opérateurs immobiliers sur leurs références, leur capacité de financement et sur leur capacité à mener des projets avec une fibre environnementale prononcée.

Ces derniers doivent s’associer avec un bureau d’études HQE aux références similaires et avec un architecte, à partir de quoi nous sélectionnons quatre attelages qui nous paraissent le mieux correspondre à la mission, et nous leur donnons notre cahier des charges. Nous ne donnons pas le terrain à celui qui paye le plus : nous le donnons à celui qui propose le meilleur projet !

Nous avons sélectionné OGIC à l’été 2016, lors d’une audition présidée par Gérard Collomb. OGIC est déjà présent sur Lyon Confluence via la transformation de l’ancienne prison Saint-Joseph, mais c’est le premier opérateur qui signe sur cette deuxième phase, sur l’esplanade François Mitterrand. Ydéal Confluence va aider à poser cette esplanade comme place emblématique de la ville de Lyon.

Quels sont les défis que vous souhaitez relever avec Lyon Confluence ?

Pierre Joutard. Ils sont très nombreux ! Il y a bien évidemment un défi environnemental, un défi d’innovation, mais surtout un vrai défi de qualité d’usage. Lyon Confluence, c’est un vrai laboratoire de la ville de demain ! C’est d’ailleurs tout le sens de la connexion des différents îlots à un smart grid relié au réseau de chaleur urbain, chacun des îlots ayant leurs spécificités environnementales, avec un cahier des charges précis.

Il y a aussi un vrai défi architectural sur Confluence : nous venons de livrer l’îlot Herzog qui pose les bases de l’écriture urbaine que nous souhaitons impulser au quartier. Le projet Ydéal Confluence s’inscrit dans cette écriture, tout en allant plus loin côté innovation avec un bâtiment entièrement réversible, et en poussant l’exigence architecturale avec le bâtiment de bureaux en terre crue.

Qu’est-ce que cela représente à l’échelle de la ville de Lyon ?

Pierre Joutard. Tout simplement le doublement de son centre historique, c’est unique pour une collectivité ! C’est aussi une belle occasion de faire progresser la culture immobilière de la métropole ainsi que le côté ville intelligente, c’est un vrai marqueur pour beaucoup d’opérateurs.

Enfin, la Confluence, c’est le lieu de l’innovation par excellence à Lyon. De plus en plus d’activités s’y implantent, des bureaux d’études, des artistes, des activités plus classiques aussi comme le conseil et la banque, mais qui ont envie de faire les choses différemment.

Nous recevons 250 délégations du monde entier par an, des promoteurs, des architectes… Les villes de Munich et Vienne sont venues nous chercher pour nouer un partenariat sur le programme Smarter Together. Nous sommes très souvent sollicités pour notre maîtrise en matière de ville intelligente !

Entretien publié le 10 octobre 2018. Mis à jour le 11 janvier 2021.