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PTZ, un Pari Zéro Risque !

5 jours ! C’est le délai qui nous sépare de l’annonce par Elisabeth Borne et Olivier Klein des mesures du Gouvernement, issues des travaux menés dans le cadre du CNR Logement. Ni les Français, ni les professionnels du secteur n’attendent de révolution. Ce qui est espéré, ce sont bien des solutions immédiates, à portée de main. Car elles existent ! Activables à très court terme, elles permettraient enfin de sortir de l’impasse qu’est devenue la crise du logement pour les classes moyennes.

Et certaines de ces mesures sont bien connues, elles peuvent s’appuyer sur des dispositifs qui ont déjà fait leur preuve. Le meilleur exemple en est le Prêt à Taux Zéro. Jusqu’à ce jour, le grand flou règne en la matière, avec des arbitrages toujours plus tardifs, d’une année à l’autre. Inscrire ce mécanisme dans le temps long permettrait pourtant à de nombreux ménages de se projeter vers un horizon plus dégagé.

En effet, les valses hésitations annuelles sur la prorogation du PTZ ne jouent pas en faveur d’un confort d’engagement à moyen terme pour nos concitoyens. Une épée de Damoclès suspendue au-dessus des futurs acquéreurs, déstabilisés et contraints de scruter les débats parlementaires sur la loi de finances afin de savoir de quelle côté la pièce retombera. Et pourtant, il suffit de se mettre un instant à la place d’un ménage pour saisir l’ampleur de la différence entre un achat avec ou sans l’appui d’un PTZ.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, considérons la situation d’un couple avec deux enfants, désireux d’acquérir un appartement de 4 pièces, à la Courneuve, pour un montant de 310 000€. En mars dernier, et avec un taux de crédit à 3,5% dans les deux hypothèses, celui-ci devra mobiliser 41 000€ au titre d’apport personnel s’il bénéficie du PTZ ; sans ce dernier, il lui faudra plus que doubler cette somme et rassembler 92 000€… pour financer le même bien ! Un gouffre d’incertitude dont on comprend qu’il puisse décourager nombre de familles.

A l’heure où la remontée en flèche des taux d’intérêt exclut de plus en plus de Français de l’accès au crédit et leur interdit presque d’envisager devenir propriétaire de leur propre logement, on ne saurait se priver d’un tel outil, plus que jamais capable, dans le contexte actuel, de redonner du pouvoir de se loger aux Français. D’une part, il permet à de nombreux ménages de redevenir éligibles à l’octroi d’un crédit, en réduisant leur taux d’endettement ; d’autre part, il permet d’amoindrir et le coût total du crédit et les mensualités, alors que les classes moyennes subissent de plein fouet le renchérissement de la vie quotidienne.

S’il n’existe pas de solution magique, le PTZ a à tout le moins démontré sa pertinence. Alors que les débats récents s’abîment parfois dans des controverses stériles, lui ne choisit pas entre le neuf et la réhabilitation : ce n’est donc pas le combat des bâtisseurs, mais celui de celles et ceux qui rêvent légitimement d’accéder un jour à la propriété, dans un logement performant et responsable, respectueux de notre planète. Sans plus attendre, le PTZ doit être pérennisé: d’un même mouvement, il est possible d’œuvrer pour le logement des Français et pour une transition environnementale tangible, qui embarque nos concitoyens.

Créé il y a près de 20 ans, il a pu être évalué, perfectionné et ajusté par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Et comme l’ont démontré de nombreux rapports parlementaires, il tient ses promesses. Autrement dit, le PTZ représente certes une dépense fiscale pour l’Etat, mais il est d’abord et avant tout un levier efficace de notre politique de logement.

Chaque fois qu’une extension du dispositif a été réalisée, sous Nicolas Sarkozy comme sous François Hollande, on a pu observer dans les 18 mois qui suivirent un véritable sursaut dans la construction de logements, permettant de franchir le cap des 400 000 logements produits par an. Un signal fort, qui manque cruellement aujourd’hui.

Pourquoi ne pas donner toute sa place, en l’inscrivant dans le temps long, à un outil puissant, connu de nos concitoyens, testé et approuvé ? Dans un moment d’insécurité matérielle où les Français attendent de l’Etat qu’il se tienne à leurs côtés, quel signal plus puissant que celui de permettre aux ménages de se projeter enfin dans l’acquisition d’un foyer ?

Madame la Première Ministre, n’attendons plus !